Chronique Nouvelle Vague

Ok, ce soir, on est allé voir un concert du groupe vocal-instrumental Nouvelle Vague, à Bucarest. Je ne connaissais pas ces jeunes gens, mais j’avais gagné une invitation comme prix à un concours de bière, alors je me suis dit : “Pourquoi pas?” D’autant plus que sur ouiquipédia c’était marqué «renouveau de la chanson française », et moi, qui suis un grand amateur de Brassens et compagnie, j’aime bien quand la chanson française se renouvelle.
C’était très beau. Il y avait deux jolies demoiselles. Une d’elles, la blonde, était particulièrement sportive : avec un grand saut, elle quittait la scène pour faire toutes sortes d’acrobaties dans le public, en chantant « tout dranque tout faque ». Et la brunette alors, qui nous a demande de crier très fort « faaaaaaques » alors qu’elle nous enregistrait avec son portable.
Puis il y avait beaucoup de rythme tropical, tout le monde sautillait et dansait, sauf le monsieur qui était devant moi, qui a passé la soirée à écrire des emails sur son aillefonne – je ne me fous pas de vos gueules, chers lecteurs. D’ailleurs, il y avait beaucoup de jeunes gens de la « haute classe moyenne », corporatistes, assez riches, dans des fringues vintage top class et des bobines désabusément moqueuses .
C’est que le groupe Nouvelle Vague a trouvé une belle recette du succès : ils chantent des vieilles chansons punk, mais biens prémâchées pour qu’elles ne soient pas trop indigestes pour les p’tits bourgeois, régurgitées dans un emballage douillet de bossa-nova et autre rythmes de supermarché. Comme ça, les blancs-becs, mines de con avec leurs dents bleues dans l’oreille, peuvent jouir du nihilisme fashion sans aucun risque, pour une soirée. Ça marche pas à tous les coups : par exemple, la brune, au « God save the queen », le fameux petit air des Sex Pistols, nous avait demandé de chanter avec elle « There is no future for you, there is no future for me », mais la réaction fut moins que modeste. C’est que, dans notre ancien et glorieux pays, l’affirmation en cause pourrait bien être vraie, et l’on n’a pas envie de l’entendre comme ça, en plein milieu de la fête. On n’a pas envie du vrai message du punk, de son désespérément agressif. On ne veut pas la réalité, mais tout au plus son simulacre. Sinon, pour l’échapper vite fait, on a toujours l’aillephone pour se connecter à la matrice.

About The Author

25 thoughts on “Chronique Nouvelle Vague

  1. hehe, je n’utilise jamais l’aillephone pour m’echapper de la realite, mais le bouteillegraph 🙂

  2. «Le vrai chanteur, c’est le chanteur sans micro, le vrai penseur, c’est le penseur sans micro-ordinateur.»

  3. Pourquoi ne pas poster quelques photos qu’on fasse connaissance avec la «haute classe moyenne», qu’on voit comme elle dansait, sautillait, et criait «faaaaaaques» ?

    Hum.. «faaaaaaques»? Never heard! 🙂
    C’est peut-être un terme argotique local?

  4. C’est en effet un terme argotique local, anglo-américain. On l’entend souvent dans les films de Robert de Niro.
    Cotcodaque.

  5. ‘On ne veut pas la réalité’: haha, c’est tout aussi valable pour le cinema roumain, que les roumains trouvent ‘trop realiste’ – et le realisme, ils en ont ras le bol 🙂

  6. “sauf le monsieur qui était devant moi…”

    Il etait sourd peut-etre, qui sait… 🙂

  7. Sourd, peut être, mais, évidemment, on pouvait non seulement écouter, mais aussi regarder quelque “jolies demoiselles” sur la scène – donc je suppose qu’il était faible de vue aussi… 😉

  8. Apropo de gagii sexi, we, tu ai prins in Ca vremurile cand cei de la Red hot chili peppers ieseau in spectacol imbracati cu un … ciorap… seulement. Nu spun unde-l aveau amplasat(ciorapul), da’ mi-ar fi placut sa-i vad in spectacol. :))

  9. @cora_, cred ca am vazut asa ceva o data la niste stiri – mare stire mare ca erau si ei niste cipandei. si statea al dracului ciorap si nu zbura, desi ei zburdau.
    altfel, cred ca “uniforma” lor e mai veche, pare-se ca din 1988, pe coperta albumului din 1988 apar astfel, imitand de fapt pe beatlesi – traversarea strazii. se pare ca orice formatie ce se respecta (initial) iar acum oricine ce se vrea bagat in seama tre sa faca o glumita a la beatles pe trecerea de pietoni.

  10. Vă propun să nu luăm în serios tribulaţiunile pe teme muzicale ale cuiva care nu gustă Tartinele.

  11. ‘se pare ca orice formatie ce se respecta (initial) iar acum oricine ce se vrea bagat in seama tre sa faca o glumita a la beatles pe trecerea de pietoni.’ – mda; deci nu este ‘glumita’, este postmodernism!

    ps nu se spune ‘tribulatiuni’ (vezi supra), ci tribulatii

  12. ALŞ, îmi place să mă amuzez uneori folosind archaisme din perioada când limba română modernă tocmai se forma, sub influenţa culturii franceze (“chestiuni”, “consideraţiuni”, “funcţiuni”). Stâlcirea în varii moduri a limbii româneşti (cred că dăjea aţi numărat 4 greşeli), inclusiv în varieanta “dă carter”, este un joc mai vechi (şi inofensiv) între Vlad şi mine. Nu cred c-o să mă prindă cineva vreodată cu probleme de gramatică, Mioara Avram de la mine a învăţat meserie.

  13. Are you that old????Banuiam eu un absolvent de litere, dar mai la varsta lui Andrei Avram.

Lasă un răspuns

Adresa ta de email nu va fi publicată.