Une aventure dans la ville où l’on vivait mystérieusement longtemps

J’avais depuis longtemps l’envie d’écrire en français pour ce blogue. Seulement, voilà, pas d’idées. Je n’ai presque pas voyagé physiquement pendant les longues siècles de ma vie. La France, je l’ai vue une seule fois, j’étais encore enfant et je n’avais d’yeux que pour ceux, bleus, des filles de ma classe. Du reste, je n’ai jamais mis le pied sur terre étrangère, Jotunheim mis apart, mais cela est une autre histoire.

Donc ma France n’a rien à voir avec le véritable Hexagone, sauf que, pour moi, ma France est la vraie. Et je ne fais pas d’exercices de style: si bien qu’elle si vraie, que si elle n’avait pas existé, je ne serais pas né.

C’est que, du temps des communistes, ma mère, jeune prof de littérature, fut “repartie” dans l’école d’un petit village au bout du monde. (Il y en a beaucoup, des bouts du monde, chez nous.) C’était comme ça, à l’époque, après la fac, on était “reparti” pour le travail, automatiquement, par les autorités, d’habitude très loin, on n’avait pas le choix. Au vilage que j’appellerai “Les Rives” (la traduction française de son nom), on ne pouvait s’y rendre qu’à pied, en grimpant deux collines, après trois heures de voyage en train. Souvent, ma mère était trop lasse pour revenir à Bucarest le même soir, alors elle s’arrêtait dans la ville la plus proche, une station balnéaire dont les indigènes dépassaient, allègrement et mystérieusement, la centaine (de nos jours, le mystère reste entier, on ne sait pas pourquoi on vit si longtemps là bas). Dans un resto où les jeunes gens faisaient la fête, elle entendit pour la première fois la voix de mon père, qui chantait une chanson de Brassens. Aujourd’hui, on a du mal a comprendre, mais à l’époque, le français était une sorte de merveilleuse porte d’évasion de la tristesse infinie de l’ancien régime. Et ma mère fut si surprise d’entendre, dans ce coin perdu, la langue de Molière , qui plus est, une chanson de Brassens (je crois que c’était “Le parapluie“), qu’elle ne tarda plus longtemps à tomber amoureuse du jeune homme en question.

Et voilà, c’est grace à Brassens, et à la langue française, que je vis pour raconter cette histoire. Il me fallut 25 de ans pour redécouvrir, à mon tour, cet ange que seul Villon égale, peut-être. Mais sur Brassens, ainsi que sur la mysterieuse ville de mes ancêtres, où l’on vit mystérieusement longtemps, j’écrirai encore, une autre fois. Bonne nuit, les enfants!

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